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Lexique Yoga : définition de Abhinivesha

YS : II, 3 : "Repérer ses blocages pour aller de l'avant"

Abhinivesha : la peur

Abhinand [abhi-nand] v. [1] pr. (abhi- nandati) pr. md. (abhinandate) se réjouir de, trouver son plaisir à, approuver, accueillir, louer, féliciter, complimenter, souhaiter la bienvenue à - ca. (abhinandayati) réjouir





Etymologie :

Abhinivesha : masc. phil. [yoga] : attachement à la vie.
Abhinivish : adj. m. n. f. penchant, obsession, désir ardent, affection envers, dévotion envers, détermination, opiniâtreté, obstination, projet.
Abhi-nand : verbe [1] présent (abhi- nandati) pr. md. (abhinandate) se réjouir de, trouver son plaisir à, approuver, accueillir, (abhinandayati) réjouir... au point de ne plus savoir/pouvoir renoncer.
Abhinivesha : klesha phil. [yoga] affliction de l'attachement à la vie.

La peur alerte l'être, le protège, parfois le paralyse.

Grande ou petite, ancienne ou récente, réelle ou irrationnelle, assurément subjective, elle surgit face à une situation nécessairement future, bien que encore incertaine : blessure, vieillissement, échec, perte d'emploi, séparation, solitude, abandon...

Révélant la profonde vulnérabilité de chacun (à savoir la peur de la mort, qu'elle soit physique ou sociale), la peur engendre trois réactions fondamentales : le refoulement, l'évitement et la lutte.

Tout le monde s'accorde généralement sur les effets physiologiques que cette émotion entraîne dans le corps : face à une "menace", qui mobilise les muscles lisses des viscères, l'organisme réagit par des signaux somato-sensoriels véhiculés par le système nerveux : accélération des battements du cœur, augmentation de l'acuité mentale, décomposition des graisses pour fournir plus d'énergie, etc.

Les visages de la peur sont nombreux, parfois même inimaginables, et ses effets obscurs. Car la peur, "angoisse de la chair" peut dénaturer une âme, remettre en question la confiance qu'une personne accorde à soi-même et à l'autre, tout comme celle que l'autre lui fait.

Les effets de cette expérience du sensible sur l'esprit sont alors nombreux.

Ils pourraient néanmoins être répartis en deux grandes catégories :

  • la peur-angoisse, qui enferme la personne dans un processus défensif afin d'en assurer sa protection,
  • et la peur-résistance, qui donne à la personne les bons arguments pour justifier ses choix, son attitude.

Dans un cas comme dans l'autre, la peur témoigne d'un attachement excessif et inconscient qui n'admet aucune ouverture, ni souplesse.

Car cette émotion à la racine de l'être, le tient pour le meilleur et pour le pire.

La peur traduit en réalité une impossible renonciation : la difficulté à laisser partir, à laisser faire, à se passer d'un support qui a permis à un moment donné de se sentir vivant : l'amour, l'argent, la beauté, le succès, la réussite, la jeunesse, le travail...

Le verbe abhinand révèle combien le prix de cette renonciation est élevé, combien elle coûte cher.

Après s'être réjoui d'une chose, après avoir trouvé son plaisir, il est extrêmement douloureux de se défaire, de se délier, de la laisser partir. La perte dans toutes ses formes, jusqu'à la perte de soi, raconte encore et toujours l'angoisse de vivre et la peur de la mort.

Comment se libérer des liens, comment tout simplement ne plus avoir peur de ses peurs ? La réponse du Yoga

Le Yoga nous apporte deux réponses :

  • vairâgya – l'audace,
  • et shaddhâ – la confiance.

L'audace de dire "OUI" à la vie, en la laissant faire, sans complaisance, en embrassant ce qui ne peut être évité, c'est-à-dire en cessant de lui faire obstacle.

La confiance encore de pouvoir s'attaquer à démêler les nœuds, à creuser, à décortiquer, enfin à se délester de la souffrance que la peur inflige.

Audace et confiance dessinent une perspective libératrice où s'amorce le desserrement des étreintes de l'être, de ces tensions difficilement séparables de la vie que Patanjali nomme klesha : l'ignorance de l'essentiel, du réel (avidyâ), l'égoïsme-égocentrique (âsmitâ), les associations plaisir/déplaisir, attraction/répulsion (râga et dvesha) dont le moi se nourrit, et l'attachement aveugle et inconditionnée à la vie (abhinivesha), dont la peur de la mort et la fin de ce moi.